Le pommier et l'euskara
Descripción
Pour payer le mobilier du futur lycée Bernat Etxepare, les parents d’élèves lancent une campagne de levée de fonds pour le moins originale. Une campagne in fine très symbolique.
euskara educación cultura patrimonio manzana
Ficha
- Autor: Ester Gran
- Fuente: Gara
- Fecha: 2016-09-29
- Clasificación: 1.3. Manzana
- Tipo documento: Prensa
- Fondo: Sagardoetxea Fondoa »
- Código: NA-006976
Texto completo
“Le mobilier du lycée d’aujourd’hui sera laissé pour le quatrième collège en devenir de Seaska”, explique Jef Mateo, président du lycée Bernat Etxepare. Si Seaska finance les murs, c’est au lycée d’investir dans ses équipements. L’équipe pédagogique et administrative en a dressé la liste et budgétisé chaque achat. A raison de 150 tables, 300 chaises, 20 tableaux, 10 ordinateurs et 10 vidéoprojecteurs, le coût total pour équiper les salles de classe s’élèverait à 35 000 euros. Les laboratoires avec 40 ordinateurs auraient besoin d’un coup de pouce financier de 82 500 euros, l’organisation du CDI 60 000 euros, et la pratique sportive 60 500 euros. Et ce n’est pas tout. L’équipement de l’internat jouxtant le lycée relève de la même organisation. Pour l’heure, l’installation de 80 internes a été financièrement programmée, avec lits, tables de nuit, bureaux... Montant de la facture : 52 000 euros. Enfin dernier poste toujours pour l’internat le téléphone pour 20 000 euros. Bref, le coût global atteint la somme rondelette de 300 000 euros.
Pour payer la facture, les parents lancent une campagne de levée de fonds. Une campagne bien symbolique qu’ils ont appelée “Un pommier pour un lycée”. Ils proposent ainsi d’acheter un tel arbre fruitier pour le planter chez soi ou le confier à leurs soins pour créer un verger en partenariat avec les communes du Pays Basque. “Nous souhaitons que cette pommeraie de l’euskara soit un vrai verger sous la responsabilité d’un professionnel qui aidera les arbres à donner les fruits de notre et de son travail”, expriment-ils.
Culture et environnement
Pourquoi pommes et pommiers ? D’une part, ils sont patrimoine culturel et environnemental, cultivés depuis l’antiquité au Pays Basque. Ce sont les marins d’ici qui firent découvrir aux marins normands le cidre qu’ils embarquaient en tonneaux pour lutter contre le scorbut. Et s’il existe plus de mille variétés de pommes autochtones, certaines sont menacées d’extinction contre laquelle se battent les associations de producteurs locaux.
D’autre part, le pommier leur permet de transmettre certaines idées “qui nous ressemblent. Nous plantons le pommier, il grandit en se nourrissant de la terre, nous le soignons, veillons sur lui. Lorsqu’il croît, il donne des fruits que nous croquons, partageons ou que nous transformons en jus, en cidre. L’enfant qui intègre l’ikastola entre dans ce cycle : l’euskara le fait grandir, le nourrit, lui donne la possibilité de partager. L’ikastola l’accompagne et le lycéen, devenu un jeune adulte mûr est prêt pour relancer le cycle éternel de la vie. Les variétés de pommes sont nombreuses, et chacune est unique à l’image de nos lycéens”. Enfin, les pommiers s’intégreront dans un projet écologique et pédagogique. Non seulement leur plantation réduira l’empreinte écologique de la construction du nouveau lycée, mais les élèves participeront à leur culture. “Ils seront présents pour les planter, les soigner, et ils pourront dans quelques années récolter le fruit du travail de leurs aînés. La valorisation du produit local sera aussi un axe d’enseignement important dans leur formation”.
Pour mettre en place leur campagne, les parents d’élèves se sont rapprochés de l’association Sagartzea, créée en 1990. Une association qui a permis la plantation de 15 000 pommiers de variété autochtone. C’est avec elle que le lycée proposera à l’achat trois variétés locales : l’ondomotxa, l’eri sagarra et la pomme anisa ou apez Sagarra. Si le lycée propose sur son site Internet déjà les plants fruitiers à la vente à partir de 30 euros, il organisera le 17 décembre prochain une distribution place des Gascons à Bayonne. Et c’est en février qu’il en plantera dans son verger. “Les plants mettront quatre ans avant de donner des fruits”, prévient Panxika Maitia de Sagartzea. Un an de plus que le cycle d’enseignement dans un lycée.